least

laboratoire écologie et art pour une société en transition

Vivre le Rhône

Créé par Natural Contract Lab en collaboration avec least, Vivre le Rhône est un projet qui a déployé une pratique artistique continue entre 2022 et début 2024 sur le territoire genevois, le long des rives du Rhône. Dirigé par Maria Lucia Cruz Correia, le projet a prôné une écologie de la réparation basée sur un dialogue avec des étendues d’eau en profonde transformation écologique.

Après une première phase de recherche, plusieurs communautés locales – activistes, étudiant·e·x·s, professionnel·le·x·s de la gestion de l’eau – ont été invitées à participer à une série de marches le long du fleuve. Ces déambulations ont été instiguées par l’équipe artistique de Natural Contract Lab et comprenaient des rituels conçus pour reconnaître les dommages écologiques infligés au Rhône et la relation que chacun·e·x entretient avec l’eau.

À l’aide d’outils de collecte, les participant·e·x·s ont ramassé des feuilles, de la mousse, des bouteilles en plastique, des morceaux de bois, des bouts de papier ou des coquillages : des objets qui déclenchaient des souvenirs, des histoires et des réflexions. Ces objets ont ensuite été assemblés pour former une cartographie juridico-sensible : un dispositif permettant de représenter non seulement la géographie physique de la rivière, mais aussi la relation de la communauté avec elle, les différentes espèces vivantes et les blessures subies par l’écosystème.

Les actions et les dispositifs de Vivre le Rhône avaient pour objectif, à travers une pratique artistique, de promouvoir de nouvelles propositions et de nouvelles lois liées à la gouvernance des écosystèmes et d’étendre le réseau des Gardien·ne·x·s du fleuve.

recherche et processus

Nous avons consacré la première phase du projet à une recherche interdisciplinaire sur le Rhône, dans le but de reconstituer son histoire et de reconnaître les dommages écologiques que le fleuve a subis. La recherche a consisté en une série d’explorations et de rencontres avec des personnes liées de diverses manières au fleuve en Suisse : professionnel·le·x·s de la gestion de l’eau, historien·ne·x·s, géographes, pêcheur·se·x·s, travailleur·se·x·s sociaux·ales, activistes et citoyen·ne·x·s. Ce processus au long cours, qui a débuté avec cette phase de recherche, a donné lieu à des publications ainsi qu’à la création de vidéos et de podcasts par les jeunes artistes Maud Abbé-Decarroux, Audrey Bersier, Martin Reinartz et Carlos Tapia.

marcher, rassembler, tisser

Tout au long de 2022 et 2023, nous avons organisé une série de pratiques collectives de marche avec le fleuve. La première fois que nous sommes allé·e·x·s à la rencontre du Rhône, nous avons salué et recueilli ses eaux dans un récipient créé par l’artiste et céramiste Zahra Hakim, que nous avons ensuite porté et qui représente une forme de médiation entre nous et le fleuve. Au cours de nos déambulations sur ses berges, nous avons collecté des histoires et des objets liés au fleuve et les avons ensuite entremêlés. Un certain nombre d’outils et un métier à tisser «fluvial», conçu par les architectes et designers Maud Abbé-Decarroux et Lode Vranken, ont été utilisés pour collecter les objets et les tisser et pour former une communauté temporaire à chaque promenade. Aujourd’hui, ces «sujets tissants» restent entre les mains des Gardien·ne·x·s du fleuve, tandis que le métier à tisser a été donné à une école.

une cartographie juridico-sensible

En 2023, nous avons travaillé avec l’avocate Marine Calmet et dialogué avec l’OCEau (Office cantonal de l’eau) pour imaginer comment inclure, dans une loi écrite sur le droit des rivières, ce qui n’y figure habituellement pas : la relation entre les populations et la rivière, leur amour, leur chagrin, leurs souvenirs et le soin qu’iels en prennent face à la disparition du paysage naturel. Les éléments recueillis et tissés au cours des marches, qu’il s’agisse d’un morceau de mousse, d’un chant d’oiseau, d’un reflet de lumière sur la rivière ou d’une trace de déchet, ont servi de point de départ à ce projet, et constituent aujourd’hui des outils pour accompagner les réflexions en vue d’une future loi. Une publication, illustrée par Maud Abbé-Decarroux et dirigée par least, retrace ce processus de réflexion.

une communauté de gardien·ne·x·s du fleuve

En juillet dernier, nous avons organisé une série d’événements sur trois jours pour réfléchir à élargir une communauté légitime qui pourrait agir au nom du Rhône. Une «agora du fleuve» a été organisée à Porteous, où nous avons écouté les histoires de Gardien·ne·x·s du fleuve venant de différentes régions qui longent le Rhône (le glacier à sa source, le Valais, Genève, son embouchure en France) et tissé de nouvelles formes d’actions collectives en tant que porteur·euse·x·s d’eau. Nous nous sommes ensuite réuni·e·x·s à l’Île Rousseau pour ouvrir notre cartographie juridico-sensible et relier nos fils ensemble. Là, nous avons invité les participant·e·x·s à retisser l’histoire et les souvenirs du fleuve et à créer de nouveaux modèles ainsi qu’une déclaration vivante pour le Rhône. Enfin, nous avons démêlé notre cartographie juridico-sensible et fait des offrandes au fleuve. Ces événements publics ont permis de développer un réseau de personnes et d’organisations – telles que l’Appel du Rhône et d’autres associations impliquées dans la conservation de la nature – intéressées par ce gardiennage du fleuve et par la poursuite d’une action collective pour faire reconnaître le Rhône en tant que sujet juridique.

newsletter

Toutes les actions participatives, les lieux et les marches ont été communiqués sur notre site et via la news de least.

équipe artistique

NCL fondé en 2021 par l’artiste Maria Lucia Cruz Correia en collaboration avec un groupe multidisciplinaire:
Marine Calmet - droits environnementaux
Brunilda Pali - justice réparatrice
Lode Vranken - design / philosophie
Vinny Jones - scénographie sensorielle
Evanne Nowak - deuil écologique
Margarida Mendes - recherche/guidage sonore a rejoint le collectif en 2022.

Équipe locale
Maud Abbé-Decarroux - cartographie / design
Audrey Bersier - podcast / son
Martin Reinartz - artiste en résidence least
Carlos Tapia - vidéo

least remercie toutes les personnes qui ont contribué au projet en partageant leur temps, leurs savoirs et leurs ressources:

Appel du Rhône; Tony Arborino (ingénieur et conseiller en matière d’eau et de durabilité) / EPFL – École Polytechnique Fédérale de Lausanne; Philippe Benetti et Gaëlle Cervantes / Centre de compétences pour déficits visuels; Mathilde Captyn / Association éco-impact; Armelle Choplin (géographe) / Université de Genève; Laure Delory (activiste) / Association suisse pour la protection du climat; Alain Dubois et Pierre-François Mettan / Association Fêtes du Rhône; Floriane Facchini (artiste / metteure en scène); Luca Ferrero (pêcheur); Sylvie Fischer / Association F-information; Sophie Frezza; Stéphane Genoud (ingénieur en gestion de l’énergie) / HES-SO Valais-Wallis; Zhara Hakim (artiste / céramiste); Kimberly Hirsch; Felix Küchler (médecin, activiste pour le climat); Le Grand Atelier; Anne Mahrer / Aînées pour la protection du climat; Gilles Mulhauser / Canton de Genève – Office cantonal de l’eau; Frédéric Pitaval (ingénieur) / Emma-Louise Lavigne / Association id-eau; MACO la Manufacture Collaborative; La Manivelle; Laurence Piaget-Dubuis (éco-artiste, graphiste, photographe) / Watergaw; Michel Porret (historien) / Université de Genève; Association Porteous; Emmanuel Reynard (géographe) / Association mémoire du Rhône; Philippe Savary (garde-pêche) / Association des gardes-pêches de Suisse romande; Marie-Thérèse Sangra (géographe et chargée d’affaires) / WWF Valais; Mara Tignino (droits de l’eau, chercheuse) / Geneva Water Hub – Université de Genève; Ville de Vernier.

médias

L’expérience du paysage

La complexité du terme «paysage» peut être mieux comprise à travers le concept d’«expérience».

Vivre le Rhône: partie 3

Gardien·ne·x·s du fleuve

Vivre le Rhône: le podcast, partie 03

Un projet audio qui retrace l’expérience de celleux qui se sont rapproché•es du fleuve en marchant.

Vivre le Rhône: le podcast, partie 02

Un projet audio qui retrace l’expérience de celleux qui se sont rapproché•es du fleuve en marchant.

Vivre le Rhône: partie 2

Quand l’art rencontre le droit.

Gardien·ne·x·s de la nature

Entretien avec Marine Calmet, avocate spécialisée dans le droit de l’environnement et des peuples autochtones.

Corps d’eau

Embrasser l’hydroféminisme.

Vivre le Rhône: le podcast, partie 01

Un projet audio qui retrace l’expérience de celleux qui se sont rapproché•es du fleuve en marchant.

Un sentiment profond de devoir agir

Entretien avec Myriam Roth, militante pour le climat.

Vivre le Rhône: partie 1

Rencontrez le Rhône et le Natural Contract Lab.

L’expérience du paysage

Dans le langage courant, le terme «paysage» englobe diverses notions : il peut désigner un écosystème, un panorama, voire une ressource économique. Il est cependant possible de mieux cerner et aborder la complexité de ce terme en se fondant sur le concept «d’expérience».

En effet, l’expérience nous met en contact avec un dehors, une altérité : dans ce contexte, le paysage n’est plus considéré comme un objet, mais plutôt comme une relation entre la société humaine et l’environnement. De plus, l’expérience nous touche émotionnellement; elle nous bouscule et nous transforme. Une telle perception du «paysage» permet de réaliser combien il donne du sens à nos vies individuelles et collectives, au point que sa transformation ou sa disparition entraîne l’effacement de repères sensibles de l’existence dans la vie de ses habitant·e·x·s. L’expérience peut également être vue comme une forme de connaissance pratique ou de sagesse. C’est le type de savoir que l’on acquiert en vivant dans un endroit, qui fait que les personnes qui habitent un paysage en deviennent les expert·e·x·s. Enfin, l’expérience, c’est aussi une forme d’expérimentation : c’est l’aspect actif de notre relation avec le monde, qui nous permet de découvrir et de créer de nouvelles connaissances et de matérialiser ce qui n’est encore que potentiel.

On peut pousser ces réflexions encore plus loin et soutenir que les êtres humains vivent de paysage—une affirmation qui peut sembler hyperbolique, mais qui prend tout son sens si on y prête attention. En effet, le paysage est la source de notre alimentation : nous habitons dans le paysage et ce dernier active en nous des représentations et des émotions. Nous entretenons une relation dynamique avec le paysage : en le modifiant, nous nous transformons aussi. Il est donc impossible d’éviter d’entrer en relation avec le paysage. Le choix même d’ignorer ou de ne pas «faire l’expérience» d’un paysage a des conséquences pratiques et symboliques.

C’est à partir de ces observations que Jean-Marc Besse a écrit «La nécessité du paysage» : un essai sur l’écologie, l’architecture et l’anthropologie, mais aussi une invitation à remettre en question nos modes d’action «paysagistes». Le philosophe français nous y met en garde contre toute action sur le paysage : une attitude qui nous place «à l’extérieur» dudit paysage, ce qui, comme mentionné ci-dessus, n’est tout simplement pas plausible. Agir sur un paysage signifie le fabriquer, c’est-à-dire partir d’une idée préconçue qui ne tient pas compte du fait que le paysage est un système vivant et non un objet inerte. «Agir sur met donc en œuvre un double dualisme, séparant d’une part le sujet et l’objet et, d’autre part, la forme et la matière».

Comment alors échapper à ce paradigme productif et falsifiant? Jean-Marc Besse propose un changement de perspective : il s’agit de passer de l’action sur à l’action avec, reconnaissant «dans la matière une sorte d’animation» et l’envisageant «comme un espace de propositions potentielles et de trajectoires possibles». Le but, dans ce cas, est d’interagir «de manière adaptative et dynamique», de pratiquer la transformation plutôt que la production. Agir avec signifie mettre en œuvre une négociation continue, rester ouvert à l’indétermination du processus, être en dialogue avec le paysage : en un mot, collaborer avec ce dernier.

Georg Wilson, All Night Awake, 2023

Agir avec le sol
La dimension «abiotique» du sol est abordée, entre autres disciplines, par la topographie, la pédologie, la géologie et l’hydrographie. Cependant, d’un point de vue philosophique, le sol n’est autre que le support matériel sur lequel nous vivons. Nous y construisons les bâtiments dans lesquels nous habitons et les routes que nous empruntons et c’est le sol qui rend possible l’agriculture, l’une des manifestations fondamentales, les plus anciennes et les plus complexes, de l’activité humaine. Ce sol «banal» est donc en réalité le foyer de toute une série de questions politiques, sociales et économiques primordiales et, en tant que tel, il soulève des questions essentielles. De quel type de sol, d’eau ou d’air veut-on? Les catastrophes environnementales liées à la crise climatique et à l’érosion des sols ou les conséquences de la perte de fertilité des terres agricoles et forestières imposent des réponses collectives qui mobilisent à la fois les connaissances scientifiques et les compétences techniques, ainsi que de nombreux aspects politiques et éthiques.

Agir avec les vivants
Les paysages que nous habitons, traversons et modifions (y compris le sol et le sous-sol) sont à leur tour habités, traversés et modifiés par d’autres êtres vivants, animaux et végétaux. Le philosophe Baptiste Morizot, dans son essai «Sur la piste animale», nous invite à cohabiter «dans la grande ‘géopolitique partagée’ du paysage» en essayant d’emprunter le point de vue «des animaux sauvages, des arbres qui communiquent, des sols vivants qui travaillent, des plantes alliées du potager permacole, pour voir par les yeux et se rendre sensible à leurs us et coutumes, à leurs perspectives irréductibles sur le cosmos, pour inventer des milliers de relations avec eux». Pour interpréter correctement un paysage, il est nécessaire de prendre en compte la «puissance agissante des êtres vivants» avec leur spatialité et temporalité et d’intégrer notre relation avec eux.

Agir avec les autres humains
Le paysage est une «situation collective» qui concerne également les relations interhumaines dans leurs différentes formes. Le paysage est lié aux désirs, aux représentations, aux normes, aux pratiques, aux histoires, aux attentes et il mobilise des émotions et des positions aussi diverses que le sont les volontés, les expériences et les intérêts des personnes. Agir avec les autres êtres humains signifie agir avec un ensemble complexe qui inclut des individus, des communautés et des institutions; mobiliser le champ pratique et symbolique — dans une négociation et une médiation continue.

Agir avec l’espace
Considéré à travers les outils de la géométrie, l’espace est une entité objective : on peut décrire de manière satisfaisante ses dimensions, ses proportions ou ses limites. Cependant, l’espace du paysage ne peut être défini par de simples critères de mesurabilité. En réalité, il s’agit d’un espace intrinsèquement hétérogène : «les localisations, les directions, les distances, les morphologies, les façons de les pratiquer et de les investir économiquement et émotionnellement n’y sont pas équivalentes spatialement ni qualitativement». Interpréter correctement l’espace du paysage signifie donc se rappeler que les mesures «numériques» ou «géométriques» sont nécessairement fallacieuses et que l’ensemble de géographies (économique, sociale, culturelle ou personnelle) qui le composent ne sont ni neutres, ni uniformes, ni fixes dans le temps.

Agir avec le temps
Lorsqu’on pense à la relation entre le paysage et le temps qui passe, la première image qui vient à l’esprit est celle de la croûte terrestre et des couches géologiques qui la composent ou celle de ruines archéologiques enfouies sous la surface. En somme, on imagine une sorte de «palimpseste» ordonné d’un temps passé, avec lequel toute relation est close. Le temps du paysage, cependant, doit être interprété selon des logiques plus complexes : il suffit de penser à la persistance des pratiques et des expériences dans son contexte et au fait que la destruction du paysage n’est jamais totale : il s’agit toujours d’une transformation. De plus, le temps du paysage comprend également des échelles de temps non humaines, qui demeurent incommensurables à nos yeux, telles que la géologie, la climatologie, la végétation : des temporalités auxquelles nous sommes néanmoins étroitement liés. Ainsi, le paysage reste en réalité en tension constante entre passé et présent.

«Notre époque», conclut Jean-Marc Besse, «est celle d’une crise de l’attention. […] Le paysage semble être, dans cette époque de crise de la sensibilité et de l’expérience, l’un des ‘lieux’ où la perspective d’une ‘correspondance’ avec le monde peut être retrouvée […]. En d’autres termes, le paysage […] peut être envisagé comme un dispositif d’attention au réel, et donc comme une condition fondamentale de l’activation ou de la réactivation d’une relation sensible et significative avec le monde environnant» : une fois de plus, la nécessité du paysage.

Vivre le Rhône: partie 3

Gardien·ne·x·s du fleuve

En juillet 2023, dans le cadre du projet Vivre le Rhône, NLC et least ont organisé à Geneve une série d’evénements sur trois jours pour élargir une communauté légitime qui pourrait agir au nom du fleuve. Une vidéo de Carlos Tapia retrace le processus.
Cliquez ici pour la partie 1.
Cliquez ici pour la partie 2.

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Voix de:
Maria Lucia Cruz Correia - artiste
Marine Calmet - avocate des droits environnementaux
Floriane Facchini - artiste, metteure en scène
Vinny Jones - scénographie sensorielle
Felix Küchler - médecin, activiste pour le climat
Emma-Louise Lavigne - activiste Association id-eau
Gilles Mulhauser Canton de Genève - Office cantonal de l’eau
Laurence Piaget-Dubuis - éco-artiste, graphiste, photographe

Vivre le Rhône: le podcast, partie 03

Vivre le Rhône: un podcast de Audrey Bersier et Martin Reinartz

Cher·e·x auditeur·rice·x,

Depuis juin 2022, le Natural Contract Lab et l’association least déploient des pratiques de marche accompagnée, de tissage collectif, de rituels de soins, d’expériences somatiques et de cercles réparateurs, autant de pratiques permettant de repenser la relation que les humains entretiennent avec le Rhône.

Ce que vous allez écouter est le dernier épisode d’un podcast en trois parties, retraçant l’expérience de celleux qui se sont rapproché·e·x·s du fleuve en marchant.
Cet épisode marque la fin d’un voyage collectif entre le Rhône et nous, il clôt une aventure.

Mais ce n’est pas un adieu, car l’eau n’a ni début, ni fin.

Pour l’écoute de ce podcast, j’aimerais vous inviter à vous connecter à l’eau. Rendez-vous au bord de votre rivière préférée, marchez sous la pluie, regardez la mer ou servez-vous un verre d’eau que vous boirez en conscience…

Le Rhône s’écoule en chacun·e·x de nous.

Vivre le Rhône: le podcast, ep.03

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Écoutez la partie 01.
Écoutez la partie 02.

Vegetaltruite réalisée par Maud Abbé-Decarroux.

Avec des textes librement inspirés de Nos Cabanes de Marielle Macé

*Tous les efforts possibles ont été faits pour obtenir les autorisations nécessaires et pour retrouver les détenteur·trice·x·s de droits d’auteur·trice·x·s, mais nous serons heureux·se·x de prendre les dispositions utiles pour obtenir l’autorisation de reproduire le matériel contenu dans ce podcast auprès des détenteur·trice·x·s de droits d’auteur·trice·x·s qu’il n’a pas été possible de contacter.

Avec le soutien de la Fondation d’entreprise Hermès et de la Fondation Jan Michalski.

Vivre le Rhône: le podcast, partie 02

Vivre le Rhône: un podcast d’Audrey Bersier et Martin Reinartz

Cher·e·x auditeur·rice·x,

Depuis juin 2022, le Natural Contract Lab et l’association least déploient des pratiques de marche accompagnée, de tissage collectif, de rituels de soins, d’expériences somatiques et de cercles réparateurs. Autant de pratiques permettant de repenser la relation que les humains entretiennent avec le Rhône.

Ce que vous allez écouter est le deuxième épisode d’un podcast en trois parties, retraçant l’expérience de celleux qui se sont rapproché·e·x·s du fleuve en marchant.

J’aimerais vous souffler quelques conseils avant que vous vous lanciez dans l’écoute de ce podcast.

Si vous en avez la possibilité, rendez-vous à Vernier Village dans la campagne genevoise. Prenez de bons écouteurs avec vous et votre gourde avec de l’eau ou votre tisane préférée. Une fois arrivé·e·x, lancez la lecture de l’audio.

Vous pourrez ensuite marcher pour rejoindre le fleuve, puis emprunter la passerelle de Chèvres, comme indiqué sur la carte qui suit.

Vous pouvez aussi vous installez simplement dans un endroit qui vous est agréable. Et fermez les yeux.

Bonne écoute !

Épisode 02

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Écoutez la partie 01.
Écoutez la partie 03.

Carte réalisée par Maud Abbé-Decarroux.

*Tous les efforts possibles ont été faits pour obtenir les autorisations nécessaires et pour retrouver les détenteur·trice·x·s de droits d’auteur·trice·x·s, mais nous serons heureux·se·x de prendre les dispositions utiles pour obtenir l’autorisation de reproduire le matériel contenu dans ce podcast auprès des détenteur·trice·x·s de droits d’auteur·trice·x·s qu’il n’a pas été possible de contacter.

Avec le soutien de la Fondation d’entreprise Hermès et de la Fondation Jan Michalski.

Vivre le Rhône: partie 2

Qui a la légitimité de parler au nom du fleuve ?

Maria Lucia Cruz Correia, initiatrice du projet Vivre le Rhône, Marine Calmet, avocate en droit de l’environnement, et Martin Reinartz, artiste en résidence par least, parlent des droits de la nature et de la gouvernance du fleuve. Juin 2023.
Cliquez ici pour la partie 1.
Cliquez ici pour la partie 3.

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Gardien·ne·x·s de la nature

Avocate de formation, Marine Calmet est une juriste spécialisée sur les questions de protection de l’environnement et des peuples autochtones. Elle est également présidente de l’association Wild Legal, qui a pour mission la reconnaissance des droits de la nature, et l’autrice du livre «Devenir gardiens de la nature», qui a inspiré ses combats en Guyane française contre les mines d’or illégales et les industries des hydrocarbures. Elle fait partie de l’équipe de Natural Contract Lab pour le projet Vivre le Rhône.

Lorsqu’on parle des droits de la nature, une question revient souvent: qui peut légitimement parler au nom d’un écosystème?
Je pense que c’est très lié à l’idée que, dans nos sociétés, nous avons des rôles et des statuts spécifiques. Personnellement, j’aime renverser la question. Il s’agit plutôt de se demander quelle est notre raison de vivre et quelle est notre mission dans notre société. Je pense que nous pouvons tous légitimement représenter des entités naturelles, tout simplement par la responsabilité que nous confère le fait d’habiter sur cette planète, d’habiter un milieu de vie et donc d’être en capacité d’avoir une relation plus ou moins forte avec une rivière, une forêt ou une montagne. Pour moi, la légitimité vient donc du lien d’empathie, d’amour même, qui existe entre nous et la nature dans laquelle nous vivons et avec laquelle nous interagissons. J’essaie de déconstruire ce mythe selon lequel nous ne serions pas légitimes et n’aurions pas la capacité de parler au nom de la nature en posant la question suivante: de quelle nature parle-t-on? N’y a-t-il pas des écosystèmes dont nous sommes si proche que nous ressentons la responsabilité de défendre leurs intérêts?

Quel est, selon vous, le rôle des droits de la nature dans la gouvernance des fleuves?
Le modèle des droits de la nature a pour ambition de sortir les éléments de la nature du statut d’objet, qui objective notre relation avec eux et nous conduit à considérer l’ensemble des êtres qui nous entourent comme des ressources et des biens exploitables que nous pouvons détruire ou dont nous pouvons bénéficier pour le progrès humain et pour nos sociétés. Le but est de remettre en question cette relation d’objectivation en considérant plutôt que nous avons autour de nous des sujets, des sujets juridiques même, qui bénéficient ou qui devraient bénéficier d’une protection due à leurs droits fondamentaux, inhérents à leur statut de sujets. C’est là que le droit vient éclaircir ou proposer une solution pour ces relations qui, en vérité, pour beaucoup d’entre nous, existent sans qu’elles n’aient jamais vraiment été clarifiées.
Le droit de la nature vient donc nous dire: «Nous sommes entourés de sujets auxquels nous devons aussi une certaine forme de respect et avec lesquels les interactions doivent être protégées pour que l’habitabilité des écosystèmes soit conservée et que cet espace de vie qui est le nôtre reste serein et harmonieux».
Dans cette gouvernance que nous appelons à instaurer, cette gouvernance du vivant, le but est donc d’intégrer les autres qu’humains, pour que, au lieu d’un dialogue strictement entre êtres humains, on puisse ouvrir le débat aux non-humains et les intégrer dans nos modèles de représentation. Ceci afin de nous permettre de sortir de ce qu’on appelle l’anthropocène, un anthropocène qui n’est autre qu’un entre-soi, entre humains, et d’intégrer les autres qu’humains dans cette gouvernance. Cela ne peut se faire qu’en reconnaissant la nature et l’ensemble de ses éléments comme des sujets à part entière et non comme des objets, parce qu’on ne peut pas dialoguer avec des objets.

En tant que juriste, vous collaborez avec des artistes: comment ces deux perspectives apparemment éloignées peuvent-elles se rencontrer de façon positive? Comment se bousculent-elles?
Ce que je trouve fascinant dans l’interaction entre l’art et le droit, c’est cet apport de similitudes. En tant qu’avocate, en tant que juriste, je travaille sur le droit qu’on appelle «droit prospectif», c’est à dire un droit d’anticipation sur l’avenir. J’écris du droit, j’invente du droit, en me basant sur ce que j’observe dans la nature et des besoins ou des crises que j’observe. En tant que juriste, je suis donc moi aussi dans une fiction, celle d’écrire quelque chose que j’imagine ou que je considère souhaitable. J’agis comme un·e·x artiste qui projette sa vision du monde sur une toile ou sur une scène, mais je le fais dans un cercle spécifique, celui du droit. Le droit, comme l’art, est donc un ensemble de fictions qui relèvent aussi bien d’une forme d’esthétisme. Je me considère d’ailleurs plus souvent comme une artiste que comme une juriste, parce que je suis dans la création, une forme de création libre qui me pousse à suivre mon instinct.
Ce que j’aime beaucoup dans mon travail avec Maria Lucia Cruz Correia et le Natural Contract Lab, c’est qu’elle m’indique souvent des pistes auxquelles je n’avais pas pensé ou que j’avais peut-être parfois tendance à envisager de façon trop juridique, trop centrée sur l’existant, sur ce qu’on appelle le droit positif, c’est à dire ce qui est déjà là, au lieu de penser en dehors de ce cadre, en m’inspirant et en créant différemment. Très souvent, cela me permet donc de faire des progrès gigantesques dans ce métier qui est le mien, parce qu’elle me permet d’ouvrir des portes que je n’avais pas imaginées.
C’est là qu’il y a un lien très fort. Tout comme les artistes sont capables de penser des choses jusqu’alors impensées, cela me permet, dans le monde juridique, de faire des progrès énormes, des bonds en avant. C’est aussi une manière de rendre le droit accessible à tout le monde, chose qui répond plutôt à la perspective artistique.
Ce qui est intéressant, c’est aussi de transmettre un message. Les gens voient alors ce qu’est le droit. Ils en ont parfois un peu peur, et l’utiliser dans une performance artistique est moyen intéressant de le rattacher à un contexte politique et à une vision, celle de la construction d’un nouvel idéal. Il y a donc vraiment, je trouve, des liens très intéressants, notamment au-travers des plaidoiries qu’on construit ensemble. La plaidoirie, c’est de l’art oratoire et l’art oratoire, c’est l’art de convaincre l’autre. Que ce soit dans le théâtre ou dans les tribunaux, nous sommes aussi là pour convaincre, d’une certaine manière, et pour transmettre un message. Il y a donc des liens inhérents, très forts, entre artistes et juristes, qui nous permettent de nous enrichir mutuellement.

Corps d’eau

Le passage de la vie aquatique à la vie terrestre est l’une des étapes les plus importantes de l’évolution de la vie sur Terre. Cette transition s’est déroulée sur des millions d’années, alors que les premiers organismes aquatiques s’adaptaient aux défis et aux opportunités présentés par l’environnement terrestre. Parmi ces défis, citons la nécessité de conserver l’eau: les êtres vivants devaient en quelque sorte «intégrer la mer en eux», même si l’eau biologique, bien que notre corps en soit principalement composé, ne représente en vérité que 0,0001 % de l’eau totale sur Terre.

L’eau est impliquée dans de nombreuses fonctions essentielles de notre corps, notamment la digestion, la circulation et la régulation de la température. Néanmoins, nos fluides corporels, qu’il s’agisse de la sueur, de l’urine, de la salive ou des larmes, ne sont pas seulement contenus dans nos corps individuels, mais font partie d’un système plus vaste qui inclut toute la vie sur Terre, brouillant les frontières entre notre corps et les corps plus qu’humains et nous reliant au monde qui nous entoure. Les spécialistes ont décrit cette idée sous le nom de hypersea: les fluides qui circulent dans notre corps sont liés aux océans, aux rivières et aux autres étendues d’eau qui composent la planète et font partie d’un système plus vaste qui relie tous les êtres vivants.

Reconnaître l’interconnexion de toutes les formes de vie sur Terre et le rôle que joue l’eau dans ce réseau interconnecté peut nous aider à mieux comprendre notre place dans le monde et l’importance de travailler ensemble pour protéger et préserver ce précieux élément. Cependant, pour saisir pleinement les conséquences de cette perspective, il est judicieux d’examiner certaines questions abordées par la spécialiste Astrida Neimanis, théoricienne de l’hydro-féminisme, dans son livre «Bodies of Water».

L’une des principales contributions de la pensée hydro-féministe au débat sur les étendues d’eau concerne la proposition de rejeter la notion abstraite de l’eau à laquelle nous sommes habitués. L’eau est généralement décrite comme un liquide inodore, insipide et incolore qui se raconte à travers un cycle schématique et déterritorialisé qui ne représente pas efficacement la réalité évolutive et pourtant située des étendues d’eau. L’eau est principalement interprétée comme une ressource neutre que nous devons gérer et consommer, alors qu’il s’agit d’un élément complexe et puissant qui affecte nos identités, nos communautés et nos relations. De profondes inégalités existent dans nos systèmes d’eau actuels, façonnés par des structures sociales, économiques et politiques.

Astrida Neimanis cite un exemple explicitement lié aux fluides corporels. Le projet «Mothers’ Milk», mené par la sage-femme mohawk Katsi Cook, a révélé que les femmes vivant dans la réserve mohawk d’Akwesasne présentaient une concentration de PCB supérieure de 200 % dans leur lait maternel, en raison du déversement de boue de General Motors dans des fosses situées à proximité. Les polluants tels que les POP (polluants organiques persistants) sont transportés par les courants atmosphériques et se déposent dans l’Arctique, où ils se concentrent dans la chaîne alimentaire et sont consommés par les communautés arctiques. En conséquence, le lait maternel des femmes inuites contient deux à dix fois plus de concentrations d’organochlorés que les échantillons prélevés sur les femmes des régions méridionales. Ce «fardeau corporel» présente des risques pour la santé et affecte le bien-être psychologique et spirituel des femmes allaitantes. Le déversement des PCB est une décision humaine, mais la perméabilité du sol, le tracé de la rivière et l’appétit des poissons sont pris dans ces courants, ce qui en fait un problème multi-espèces.

Ainsi, même si nous sommes tous dans la même tempête, nous ne sommes pas tous dans le même bateau. L’expérience de l’eau est façonnée par des facteurs culturels et sociaux, tels que le sexe, la race et la classe, qui peuvent affecter l’accès à l’eau potable et la capacité à participer à la gestion de l’eau. L’histoire des femmes inuites montre clairement que l’eau, même si elle fait partie d’un cycle planétaire unique, est toujours incarnée, tout comme les plans d’eau et leur interdépendance complexe. Si l’hydro-féminisme nous invite à rejeter une perspective individualiste et statique, il nous rappelle également que les différences doivent être reconnues et respectées. En effet, ce n’est que de cette manière que la pensée peut être transformée en action vers des relations plus équitables et durables avec toutes les entités.

Astrida Neimanis aborde également le rôle de l’eau en tant qu’élément gestationnel, une métaphore du pouvoir transformateur et mystérieux de cette substance qui donne la vie. À l’instar du liquide amniotique qui entoure et nourrit un animal en pleine croissance, l’eau peut soutenir et entretenir la vie, nourrir et protéger, et favoriser la croissance et le développement. En ce sens, l’eau peut être considérée comme un symbole d’espoir et de possibilité, une source de renouveau et de régénération qui peut nous aider à faire face aux défis et aux transitions de la vie. Comme un élément gestationnel, l’eau a le pouvoir de nettoyer, de guérir et de transformer. Alors que nous cherchons à trouver notre voie dans un monde en constante évolution, nous pouvons considérer l’eau comme une source intérieure de force et d’inspiration, un rappel de la résistance et de l’adaptabilité de la vie, ainsi que du potentiel qui réside en chacun de nous.

Image: Edward Burtynsky, Centrale géothermique de Cerro Prieto, Baja, Mexique, 2012. Photo © Edward Burtynsky.

Vivre le Rhône: le podcast, partie 01

Vivre le Rhône: un podcast d’Audrey Bersier et Martin Reinartz

Cher·e·x auditeur·rice·x,

Depuis juin 2022, le Natural Contract Lab et l’association least déploient des pratiques de marche accompagnée, de tissage collectif, de rituels de soins, d’expériences somatiques et de cercles réparateurs. Autant de pratiques permettant de repenser la relation que les humains entretiennent avec le Rhône.

Ce que vous allez écouter est le premier épisode d’un podcast en trois parties, retraçant l’expérience de celleux qui se sont rapproché•es du fleuve en marchant.

J’aimerais vous souffler quelques conseils avant que vous vous lanciez dans l’écoute de ce podcast.

Si vous en avez la possibilité, rendez-vous sur le pont du Seujet, qui se trouve en plein centre de Genève. Prenez de bons écouteurs avec vous, de quoi écrire et votre gourde avec de l’eau ou votre tisane préférée. Une fois arrivé•e, lancez la lecture de l’audio.

Vous pourrez choisir de rester sur le pont ou de marcher le long du fleuve, en direction du pont Butin par exemple, comme indiqué sur la carte qui suit.

Vous pouvez aussi vous installez simplement dans un endroit qui vous est agréable. Et fermez les yeux.

Bonne écoute!

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Avec des textes librement inspirés de L’inconnue du Haut-Rhône et Les Sœurs Caramarcaz de Corinna S. Bille, ainsi que Voyage en Suisse d’Alexandre Dumas.
Carte réalisée par Maud Abbé-Decarroux.

Écoutez la partie 02.
Ècoutez la partie 03.

*Tous les efforts possibles ont été faits pour obtenir les autorisations nécessaires et pour retrouver les détenteur·trice·x·s de droits d’auteur·trice·x·s, mais nous serons heureux·se·x de prendre les dispositions utiles pour obtenir l’autorisation de reproduire le matériel contenu dans ce podcast auprès des détenteur·trice·x·s de droits d’auteur·trice·x·s qu’il n’a pas été possible de contacter.

Avec le soutien de la Fondation d’entreprise Hermès et de la Fondation Jan Michalski.

Un sentiment profond de devoir agir

Parlez-nous brièvement de vous et expliquez-nous comment vous êtes devenue éco-activiste.
Je ne dirais pas que je suis une activiste. En dehors de mon rôle de coprésidente, je suis élue au parlement de ma ville. J’ai également créé un collectif écoféministe avec deux amies à Bienne, «La Bise», et je gagne ma vie comme infirmière dans le domaine de la petite enfance. Peu avant mes 18 ans, j’ai ressenti un sentiment profond de devoir agir. Ou au moins d’essayer. Je ne saurais vraiment dire ce qui a créé ce besoin de m’engager. J’ai commencé mon engagement politique au sein d’un petit groupe de jeunes vert·e·s. Et un jour les choses se sont enchaînées. On m’a demandé si je souhaitais me mettre sur une liste électorale. J’ai accepté et j’ai été élue. Cet événement m’a beaucoup aidé à réseauter et à trouver des personnes avec qui je pouvais échanger, militer, créer de nouveaux projets.

Dans quel état se trouve les glaciers en Suisse? Et en quoi est-ce important de prendre soin des glaciers en particulier?
L’état des glaciers en Suisse est désastreux. Avec la fonte des glaciers, la Suisse perd (en plus de sa biodiversité et de ses hivers blancs, entre autres) une importante réserve d’eau qui, selon les estimations, pourrait assurer la consommation de sa population pendant 60 ans.

Une partie de la résistance aux révolutions telles que l’abandon des énergies fossiles est liée à des intérêts économiques. Jouons à un jeu de scénarios: avec et sans énergies fossiles, à court et à long terme…
La croissance ne peut être infinie, elle nous conduit à notre propre destruction. L’indépendance vis-à-vis des combustibles fossiles nécessite de soutenir d’autres formes de sources d’énergie. En Suisse, la production d’électricité provient principalement de centrales hydrauliques (62%), de centrales nucléaires (29%), de centrales thermiques conventionnelles et d’installations d’énergies renouvelables (9%). Produire notre propre énergie nous permet de ne plus dépendre d’autres pays. C’est l’occasion pour les États de tracer une nouvelle voie et de créer des emplois dans de nouveaux domaines. C’est donc une bonne chose pour l’économie.

La protection de l’environnement est un sujet complexe. Parfois, pour corriger une erreur, on en commet une autre. Quelle est votre stratégie pour faire face à cette complexité?
Si on pense sans arrêt à ce qu’on va faire de mal, on ne peut aller de l’avant avec des stratégies qui ont un impact réel. On ne peut pas toujours tout faire correctement, mais on peut mettre en place des mesures qui ont un impact important sur le changement à long terme. Comme une indépendance vis-à-vis des sources d’énergies importées qui sont nocives pour la planète.

La solastalgie est une forme de détresse causé par l’impact du changement climatique, qui s’accompagne souvent d’un sentiment de perte vis-à-vis d’un paysage bien-aimé. Avez-vous l’impression de souffrir de solastalgie? Et quelle est votre expérience de ce problème dans les communautés suisses?
La solastalgie est un terme relativement peu connu, mais, en discutant avec des personnes vivant dans des régions plus sauvages ou alpines, on relève parfois ce sentiment de détresse vis-à-vis d’un paysage disparu ou modifié. Les sensibilités au changement climatique sont aussi diverses que les régions de suisse. Le lieu d’origine d’une personne influence la manière dont elle réagit aux conséquences de ce changement. Il semble naturel d’être plus touché par le manque de neige en hiver ou par la fonte des glaciers lorsqu’on vit ou que l’on a grandi en milieu alpin. Les personnes plus citadines sentent par exemple davantage les îlots de chaleur et la suffocation grandissante en été. À l’heure actuelle, je pense que je souffre davantage d’éco-anxiété que de solastalgie.

Vous faites partie du collectif écoféministe La Bise: pouvez-vous me parler des activités du collectif et de ce que les instances écoféministes apportent en particulier à la lutte générale contre la crise climatique?
La Bise est un collectif qui tente de rassembler les luttes. Le collectif a été créé il y a bientôt cinq ans. En parlant avec deux amies de ce qui nous animait ou nous agaçait dans les luttes féministes et écologiques, j’ai eu envie de nous réunir toutes les trois. L’idée de créer un espace bienveillant et inclusif pour parler de nos engagements était au cœur de notre ébauche de projet. Dans un premier temps, nous étions mobiles, nous n’avions pas de local. Puis nous avons pu créer notre bibliothèque écoféministe. La bibliothèque regroupe des livres de plusieurs catégories: féminisme et genre, séxualité, livres pour enfants, bandes déssinées. Nous avons une bibliothèque écoféministe, mais nous organisons aussi plus ou moins régulièrement des événements qui lient la lutte pour la protection de la planète et la lutte pour l’égalité des genres.
Plusieurs études montrent que les femmes et les minorités de genre font partie des êtres humains les plus touchés par le changement climatique. Un exemple parmi d’autres: les femmes et les minorités de genre sont souvent oubliées lors des catastrophes naturelles – souvent parce que ce sont ces mêmes personnes qui prennent soin des autres.

Vivre le Rhône: partie 1

«Quelles sont les histoires qui existent déjà?»

Une vidéo de Carlos Tapia met en scène le Rhône, Maria Lucia Cruz Correia, Vinny Jones et Lode Vranken. Février 2023.
Cliquez ici pour la partie 2.
Cliquez ici pour la partie 3.

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presse

«Vivre le Rhône», démarche citoyenne et artistique

Le Temps, 07/07/2023

Weaving Subjects à la MACO

«Vivre le Rhône» célèbre l’identité du fleuve

Tribune de Genève, 13/07/2023

Une initiative pour accompagner notre société dans sa transformation

Kunstbulletin 5/2023

Le Rhône cherche gardien·ne

Le Courrier, 12/07/2023

Devenir gardien·ne du Rhône

Le Courrier, 20/07/2023

Permaculture, le modèle écologique qui réinvente la culture

L’Hebdo du quotidien de l’art, 09/02/2024

Explore demain, au cœur des débats citoyens

Tribune de Genève, 22/04/2024